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Créé par le ministère de la Transition écologique et solidaire, le Label Bas Carbone permet de récompenser les acteurs de la lutte contre le changement climatique en dirigeant les financements vers leurs projets vertueux pour le climat. Sophie Penavayre, responsable de projet Label Bas Carbone Vigne à l’IFV, explique la méthode en cours de réalisation pour la filière.

 

Pouvez-vous nous dire ce qu’est la neutralité carbone ?

Sophie Penavayre : On parle beaucoup de l’adaptation face au changement climatique, défi majeur pour notre filière. La neutralité carbone, c’est l’autre défi que nous devons relever : celui de l’atténuation. La neutralité carbone à horizon 2050 est l’ambition qu’affiche la Commission Européenne en 2019 lorsqu’elle présente le Pacte Vert pour l’Europe (Green Deal) accompagné d’un plan d’investissement d’1 milliard d’euros en 10 ans. La France publie dès 2015 sa Stratégie Nationale Bas-Carbone. Elle donne des orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone, circulaire et durable. Elle définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050 et fixe des objectifs à court-moyen termes : les budgets carbone. Elle a deux ambitions : atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et réduire l’empreinte carbone de la consommation des Français.

Peut-on atteindre cet objectif de neutralité carbone ?

Sophie Penavayre : Nous avons les outils. Le calcul des empreintes carbones tout d’abord (notamment via l’outil Bilan Carbone®) qui a permis dès les années 2000 d’identifier les pratiques responsables des principales émissions. Des entreprises et des filières régionales ont mis en place des mesures correctives. Ainsi, entre 2003 et 2018, le Bilan Carbone® d’une bouteille de Champagne a diminué de 20%. Ces démarches ont non seulement permis l’identification des postes responsables des émissions de GES (matériaux entrants, fret, consommations énergétiques…) mais ont surtout contribué à l’émergence de bonnes pratiques pour une neutralité carbone de la filière vin. Depuis 2018, il existe un autre dispositif : le Label Bas Carbone. Créé par le ministère de la Transition écologique et solidaire, il permet de récompenser les acteurs de la lutte contre le changement climatique en dirigeant les financements vers leurs projets vertueux pour le climat.

Un vin peut-il être labellisé bas-carbone ?

Sophie Penavayre : Non, un vin ne peut pas disposer de ce label. Le label bas-carbone n’est pas un label produit mais une labellisation de projet. En revanche, un collectif de producteurs souhaitant mettre en place un projet de réduction de son empreinte carbone (en limitant ses émissions de GES ou en augmentant la capacité de ses sols à séquestrer du carbone à long terme) pourra dès 2022 demander la labellisation bas-carbone de son projet par le Ministère de la transition écologique et solidaire. Cette labellisation lui permettra d’obtenir des financements sur le marché du carbone. En effet, des collectivités, des entreprises, et même des citoyens, sont prêts à rémunérer des actions bénéfiques pour le climat sur une base volontaire, par exemple pour compenser leurs émissions résiduelles. Pour s’engager, ces financeurs potentiels souhaitent que la qualité et l’intégrité environnementale des projets soient assurées. Le label bas-carbone leur offre ces garanties et permet ainsi de diriger des financements vers des projets vertueux pour le climat et l’environnement.

Pourquoi les producteurs de vin doivent-ils attendre 2022 ?

Sophie Penavayre : La mobilisation du label bas-carbone par les agriculteurs suppose qu’une méthode sectorielle ait été rédigée par sa filière, en accord avec l’ensemble de ses parties prenantes, et approuvée par le ministère de la transition écologique et solidaire. Pour la filière vigne-vin, cette méthode est en cours de rédaction. L’IFV anime pour la filière ce travail d’élaboration de la méthode, avec le soutien du CNIV et la participation active des interprofessions et organisations professionnelles vitivinicoles. La méthode devrait être rédigée et approuvée en 2022. Des collectifs de viticulteurs pourront alors demander la labellisation bas-carbone de leurs projets.