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La vigne cultive ses profils grâce à une meilleure connaissance du génome. L’identification des variétés s’engage désormais dans la voie de la traçabilité moléculaire.

L’étude de l’ADN a permis de distinguer des sites polymorphes entre les ADNs des différentes variétés de vigne (appelé polymorphisme moléculaire). A l’UMT Géno-Vigne® sur le campus de Montpellier SupAgro, l’IFV utilise ces différences pour l’identification des variétés, qui trouvent des applications dans une meilleure gestion de la traçabilité du matériel végétal.

C’est un réel progrès scientifique

L’identification et la description des cépages de vignes remonteraient au 14ème siècle avec le traité d’économie rurale écrit en 1303 par Pierre de Crescence, qui parle notamment de viticulture, d’ampélographie et d’œnologie. Mais pour faire de l’ampélographie et caractériser les cépages, il faut avoir accès à des descripteurs, c’est-à-dire des feuilles, des bourgeons, des vrilles, etc. L’ampélographie traditionnelle est donc une discipline dépendante de l’état de la plante (physiologique, sanitaire, etc.) et de son stade de végétation. Et si, comme en pépinière, on ne dispose que de bois, la description de la souche devient difficile.
L’introduction de l’ampélographie moléculaire dans la panoplie des outils utilisés pour identifier les variétés de vigne s’est imposée aujourd’hui comme un réel progrès scientifique, « car dans ce cas on ne raisonne plus sur la description morphologique d’un individu, mais sur l’observation du polymorphisme moléculaire de son ADN, » souligne Loïc Le Cunff de l’IFV Montpellier. L’ampélographie moléculaire est une technologie « tout terrain » qui permet de travailler à n’importe quelle époque de l’année, même avec du matériel mort.

A chaque variété son profil moléculaire

« Les différences que l’on peut observer entre les variétés se traduisent en partie par les variations de séquences de leur ADN. Pour la vigne, dix polymorphismes moléculaires permettent d’identifier spécifiquement chaque variété. En clair, ces dix emplacements sur le génome nous permettent d’obtenir un profil moléculaire unique qui n’est rattaché qu’à une seule variété, » explique Loïc Le Cunff. Les marqueurs moléculaires sont également mis à contribution dans les programmes de recherche variétale. L’ampélographie moléculaire est proposée aujourd’hui en prestation de service et « qu’il s’agisse d’identifier des cépages, de faire l’analyse de leurs descendants, de retrouver des arbres généalogiques ou de connaitre précisément si la variété commandée par un viticulteur est la bonne », ajoute Loïc Le Cunff.

 

 

L’identification constitue l’étape suivante

Actuellement, l’IFV a mis en place plusieurs expérimentations pour savoir si ces outils basés sur des différences au niveau de l’ADN pouvaient permettre l’identification de clones. Cette démarche n’est pas impossible puisque dans le cas du dépérissement de la Syrah, trois marqueurs moléculaires sont utilisés, « qui permettent d’identifier des groupes de clones en lien avec le niveau de dépérissement, ayant un profil peu sensible, sensible ou hypersensible, » conclut Loïc Le Cunff. L’idée serait d’aboutir à une liste des marqueurs permettant de généraliser l’identification à tous les clones présents au catalogue.