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Maladie du bois en Alsace : forte expression 2024 et point sur les méthodes de lutte 

L’observatoire alsacien des maladies du bois, actif depuis plus de vingt ans, fournit des données cruciales sur la santé du vignoble. En 2024, l’expression des symptômes est plus élevée de 4% par rapport à 2023.

Le dispositif d’observation  

Les maladies du bois, représentent une problématique majeure pour les viticulteurs alsaciens. Elles affaiblissent progressivement les ceps et augmentent la mortalité, entraînant des pertes économiques et une diminution de la longévité des parcelles. Depuis 2003, l’observatoire des maladies du bois en Alsace permet de suivre de près leur évolution sur un ensemble de 97 parcelles de Riesling, de Gewurztraminer et d’Auxerrois.  

Pour en savoir plus

En 2024, l’état de santé de près de 30 000 ceps a été noté sur l’ensemble de l’observatoire pour lesquels le taux d’expression des maladies du bois est de 7,9 % soit 4 % de plus qu’en 2023 (Figure 1). Le Riesling est, de manière inhabituelle, le cépage ayant exprimé le plus de symptômes, avec un taux de 12 %, contre 9 % pour le Gewurztraminer. Historiquement, c’est ce dernier qui affichait les taux les plus élevés. Ce phénomène, observé pour la première fois dans l’observatoire en 2016, s’est répété en 2018, 2021, 2022, 2023 et 2024. L’expression des maladies du bois étant fortement liée aux conditions météorologiques du millésime, les effets du changement climatiques pourraient être liés à ce constat.

Figure 1 – Expression pluriannuelle des maladies du bois (Esca/BDA) sur l’Observatoire alsacien

Que deviennent les ceps malades ? 

L’observation des mêmes ceps chaque année nous permet d’identifier leur état avant ou après une situation donnée. Nous constatons ainsi que près de la moitié des ceps touchés par une apoplexie totale sont retirés par le viticulteur ou meurent, cependant 45 à 50 % ne présentent pas de symptôme l’année suivante. Cela ouvre la possibilité de laisser une chance supplémentaire aux ceps malades, surtout lorsque l’on connait les difficultés liées à la complantation. Il faut en moyenne 9 ans pour qu’un cep complanté atteigne son potentiel de production (Figure 2). Bien que le recépage préventif soit plus efficace, le recépage curatif est également intéressant si le bois est indemne de nécrose sous la coupe laissant repartir la repousse.   

Figure 2 – Complantation

Malheureusement, les maladies du bois ont un développement pluriannuel et les symptômes s’aggravent souvent : plus de 55 % des ceps présentant une apoplexie (dessèchement brutal du cep) totale en année N avaient déjà des symptômes foliaires l’année précédente.

Les perspectives encouragent des méthodes de lutte

Le curetage préventif, qui consiste à être réalisé sur tous les ceps, quel que soit leur expression de symptômes, se révèle être le plus efficace dans les essais mis en place en Alsace. Les résultats montrent une diminution de 70 % des symptômes en moyenne sur 5 ans par rapport aux ceps témoins non curetés (Figure 3).  

Figure 3 – Réduction moyenne du pourcentage d’expression de l’esca/BDA sur 5 ans par rapport au témoin

Le recépage, qui vise à renouveler le tronc à partir d’un pampre est techniquement plus accessible que le curetage. Lorsqu’il est réalisé de manière préventive, il est très efficace. Une parcelle de l’observatoire plantée en 1986 avec plus de 20 % de symptômes de maladies du bois a été massivement recépée en 2007, réduisant les symptômes significativement et dans la durée (Figure 4).

Figure 4 – Expression pluriannuelle de l’esca/BDA d’une parcelle massivement recépée

Ces deux pratiques ouvrent des perspectives encourageantes pour contenir l’impact des maladies du bois. Tout comme le regreffage, elles permettent de conserver le système racinaire des ceps, facilitant le retour en production par rapport à un jeune complant.

Pour aller plus loin