Favoris(1) Imprimer l'article

Du fait de leur toxicité sur les micro-organismes du sol et les organismes aquatiques, les traitements cupriques doivent être réfléchis et optimisés (4 kg/ha/an). Voici quelques clés pour les raisonner au mieux et les réduire si possible, tout en restant efficace contre le mildiou.

 

 

1) Les notions à connaître

Les produits cupriques ont un mode d’action fongicide de contact : ils se déposent à la surface des organes végétaux. Lors des pluies ou d’une humectation, des ions Cu2 + sont libérés. Ces ions en solution inhibent les zoospores de mildiou. L’application du cuivre doit donc être faite de façon préventive, avant les pluies qui vont générer des contaminations. Le cuivre n’a pas d’effet curatif sur le mildiou qui est majoritairement présent à l’intérieur des tissus végétaux et non accessible.
En cas de présence de symptômes, il faudra donc continuer de réaliser des applications préventives avant de nouvelles pluies pour éviter des recontaminations, car le produit ne viendra pas éradiquer l’attaque déjà observée.

 

2) Bien gérer les renouvellements

Lessivage
Le cuivre appliqué sur les surfaces végétales est rincé au fur et à mesure des pluies qui succèdent l’application. Le lessivage du cuivre n’est pas linéaire : la quantité de cuivre diminue de moitié lors des 5 premiers millimètres de pluie ! On considère que le cuivre est totalement lessivé aux alentours de 20 mm de pluie cumulée.

Les symptômes de mildiou
L’observation de l’état sanitaire de la parcelle est primordiale. Si la parcelle présente des symptômes réguliers sur feuilles ou grappes, il faut maîtriser les contaminations secondaires qui se produisent notamment lors de pluies mais aussi lors de périodes très humides (rosées prolongées) et les considérer comme des épisodes contaminants.

Pousse de la vigne
Elle engendre le développement de nouveaux organes non protégés et une augmentation générale de la surface végétative qui peut être contaminée. Le cuivre est un produit de contact. Il ne protège donc que les organes ayant reçu du produit lors du dernier traitement. Il est important de surveiller la cinétique de pousse de la végétation et les moments de forte pousse. On admet qu’une pousse de 20 cm des rameaux doit conduire à un renouvellement.

3) Adapter la dose en fonction de la canopée, du stade et du risque

Aujourd’hui, la quantité de cuivre métal appliquée par traitement est encore définie de façon empirique. Récemment certains outils ont été développés pour accompagner les viticulteurs dans le choix de leurs doses. Les doses de produits appliquées sont adaptées en fonction de la surface foliaire mais aussi du risque (pluies prévues, stade phénologique…).
Lors des premières applications, elles varient en général entre 50 g et 150 g de cuivre métal par hectare. En pleine végétation, lors de risques importants, les doses employées sont proches de 400 g à 500 g. Il faut être vigilant aux stades d’encadrements de la floraison, période sensible et risquée (où les doses peuvent être un peu plus importantes).

À retenir : Traiter avec des doses supérieures à 500 g/ ha ne présente pas d’intérêt technique ou d’efficacité.

4) Comment faire face aux conditions extrêmes ?

Lorsque la pression mildiou est élevée et que la pluviométrie annoncée sur la semaine est conséquente, il est risqué d’attendre les conditions optimales pour intervenir. Dans cette situation, un traitement cuprique, en présence d’une forte humidité, voire sous une petite pluie (dans la limite de ce qui est autorisé réglementairement), est à considérer avant de poursuivre la protection dans de meilleures conditions. Certains viticulteurs se sont équipés de quads avec pulvérisateur porté ou traîné pour être plus réactifs et plus légers, et pouvoir intervenir là où un tracteur interligne ne pourrait pas entrer. Ce type d’application n’est certes pas d’aussi bonne qualité qu’avec un pulvérisateur classique, mais peut rattraper une situation critique. Par ailleurs, le quad est à privilégier par rapport à l’atomiseur à dos, qui ne permet pas de gérer une vitesse d’avancement homogène. Il est aussi plus ergonomique et plus sécurisé pour la personne qui doit intervenir.

Bon à savoir
Le positionnement des traitements arrive bien avant la dose ou la formulation de cuivre dans la réussite de la protection contre le mildiou. Toute la végétation doit être bien couverte avec ce produit de contact. Pour cela, les traitements sont réalisés en face par face (direct ou indirect par croisement). Il est nécessaire d’appliquer le produit avant la pluie contaminatrice annoncée et avant que la vigne n’ait développé du nouveau feuillage. Il faut donc avoir la capacité de pouvoir protéger l’intégralité du vignoble dans la journée qui précède la pluie.

5) Effet sur la vendange

Les apports de cuivre réalisés lors des traitements anti-mildiou peuvent laisser des résidus dans la vendange.  De récents travaux menés par l’IFV Occitanie montrent que la quantité totale de cuivre apportée sur la campagne semble peu impacter l’importance des résidus retrouvés sur les raisins. Une quantité importante de cuivre au dernier traitement paraît cependant favoriser la présence de cuivre à la récolte. 
Lors des vinifications, en traitement non excessif à la vigne, aucune conséquence sur les fermentations alcooliques ou malolactiques n’a été démontrée. Cependant, en cas de concentration élevée en cuivre, il a été observé, en fermentation indigène uniquement, des temps de latence plus importants.

Bon à savoir
En revanche, la présence de cuivre dans les moûts notamment en blanc et en rosé entraîne des conséquences sur les arômes des vins avec des productions moindres en esters et acétates et surtout en composés thiolés. La réalisation d’une macération pelliculaire permet de minimiser la concentration en cuivre des moûts avec un gain en thiol dans la plupart des essais.

6) Réduction de l’usage du cuivre

L’optimisation des doses de cuivre par l’usage d’outils d’aide à la décision et le recours à des produits de biocontrôle contre le mildiou constituent deux leviers complémentaires dans la recherche de la diminution des quantités de cuivre employées.

Les outils d’aide à la décision (OAD)
Pendant trois ans, un réseau d’expérimentation en viticulture biologique en Nouvelle-Aquitaine, a testé l’OAD DeciTrait, dans la cadre des essais Opticuivre pour déclencher les traitements et pour moduler les doses de cuivre. Les premiers résultats montrent que la modulation des doses ne semble pas être le facteur le plus impactant pour diminuer la dose globale de cuivre. En effet, ce sont les impasses de traitement générées par les prévisions de l’outil qui permettent de diminuer la quantité de cuivre appliquée : – 20 % environ en 2019 et 2020.

Biocontrôle
Actuellement, 6 matières actives classées biocontrôle sont utilisables contre le mildiou. Plusieurs années d’essais menés sur une parcelle de merlot du lycée de Libourne-Montagne, dans le cadre des projets Alt’Fongi Biocontrôle (1), ont permis de constater que l’huile essentielle d’orange douce et les phosphites permettent de réduire le recours au cuivre tout en conservant une efficacité équivalente à une dose classique de produit.

(1) Les projets Alt’Fongi I et Alt’Fongi II sont cofinancés par le CIVB et coordonnés par la CA 33, l’IFV et l’Eplefpa Blanquefort.

En savoir plus
Centre de Ressources cuivre
Ce centre de ressources, hébergé sur le site internet Ecophytopic, propose au travers de 39 fiches synthé- tiques, un état des lieux de quelques-uns des leviers disponibles à l’heure actuelle pour accompagner les viticulteurs dans la réduction de l’utilisation du cuivre.
Accéder

A Lire
Le Mémo cuivre en viticulture 2022. Réalisé dans le cadre du projet Off Intrants Viti, financé par l’Europe et la région Nouvelle Aquitaine, ce document de 36 pages présente un panorama des connaissances actuelles sur le cuivre et son usage en viticulture pour lutter contre le mildiou. Voir