Les plans Ecophyto successifs visent à diminuer l’usage des pesticides et à supprimer progressivement l’utilisation des molécules présentant les risques les plus forts pour la santé humaine et/ou l’environnement. Dans ce contexte, l’objectif est d’accompagner la filière en proposant des solutions permettant de réduire le recours aux pesticides tout en assurant une récolte de qualité en quantité suffisante et en pérennisant l’activité économique des exploitations.

Pour cela, plusieurs axes de travail sont explorés :

1-L’amélioration de la fiabilité de la météorologie prévisionnelle est le principal levier permettant la réduction des intrants. Elle suppose une évolution des modèles prédictifs travaillés par Météo France, mais aussi une meilleure évaluation des variations météorologiques et de leurs conséquences sur l’état sanitaire du vignoble, à une échelle de plus en plus fine (de l’échelle communale à la parcelle).

2- L’amélioration des connaissances sur les principales maladies de la vigne (mildiou et oïdium) permet de faire évoluer les modèles épidémiologiques et de définir de nouvelles stratégies de traitement. Dans ce cadre, un projet sur l’étude de la sporée aérienne des principaux agents pathogènes de la vigne est initié dans le périmètre des activités de l’UMT SEVEN

3-L’évaluation de la sensibilité aux maladies à l’échelle du parcellaire et la définition des règles de décision et d’intervention par îlot d’iso sensibilité permettent de traiter de façon moins systématique en adaptant le traitement à la pression parasitaire locale.

4-L’intégration de sources d’informations complémentaires (historique climatique des millésimes, données agronomiques et phénologiques etc…) et l’optimisation de la gestion des données et de l’information améliorent l’évaluation des risques et, à terme, le positionnement des traitements.

Les Points d’Observation Météo (POM) : l’IFV entretient, depuis 2007, une collaboration avec Météo France qui fournit sur l’ensemble du vignoble français des grilles de données météorologiques à l’échelle du kilomètre (Pluie, Température, Hygrométrie, ETP). Un module est créé sur la plateforme Epicure pour permettre aux utilisateurs de positionner, via une interface GoogleMap, des Points d’Observation Météo (POM) qui constituent de véritables stations météo virtuelles, sur leurs sites d’intérêt.
Différents modules sont élaborés pour permettre l’analyse des itinéraires climatiques en cours par rapport aux moyennes établies par l’opérateur sur ces mêmes points, comparer les données des stations (virtuelles ou réelles) entre elles ou dresser le profil des millésimes sur des périodes déterminées ou encore analyser la spatialisation des pluies.
L’accès à ce module reste, à l’heure actuelle, limité pour la conduite des expérimentations de l’IFV et des partenaires qui lui sont associés, mais nous envisageons dans le cadre du partenariat développé avec Météo France, d’ouvrir cet outil à l’ensemble de la profession viticole.

Pour réduire l’utilisation des intrants : raisonner les traitements phytosanitaires à l’échelle de la parcelle, le projet Plan de Traitement Optimisé (PTO®) est testé au Domaine Léoville Las Cases dans le Bordelais depuis 2014. Ce dispositif d’études est maintenant déployé sur les vignobles expérimentaux de Couhins (INRA) et Luchey Halde (Bordeaux Sciences Agro) dans le cadre des activités de l’UMT SEVEN.  Il repose sur l’exploitation des données issues des techniques de viticulture de précision (résistivité électrique du sol, indices de végétation NDVI), dont le croisement permet d’établir une cartographie d’Unités de Fonctionnement Physiologiques (UFP) homogènes. Ce zonage UFP sert de clef de lecture et d’interprétation des observations physiologiques et sanitaires collectées au vignoble. L’analyse des variations d’attaques constatées à l’échelle du parcellaire de l’exploitation montre que certaines corrélations entre les maladies et les facteurs explicatifs retenus peuvent être mises en évidence.

Par ailleurs, une API a été développée pour rendre plus facilement inter-opérable l’OAD Optidose®. Concept initié et développé par l’IFV depuis 1996 : le raisonnement des doses proposé résulte des connaissances acquises en terme d’évaluation des risques phytosanitaires, de diagnostic de la performance du réglage des pulvérisateurs, d’appréciation de la biomasse et des conditions de dépôts des produits de traitements. Le module de base est en accès libre sur Internet. Une version plus complète mais également gratuite offre l’accès à un module statistique détaillé pour les utilisateurs qui acceptent de s’enregistrer comme Partenaires du Réseau Optidose (PRO) : ils s’engagent alors à renseigner régulièrement des éléments d’information relatifs aux itinéraires de protection qu’ils appliquent sur leur vignoble.

L’UMT SEVEN (Santé des Ecosystèmes Viticoles Economes en intraNts), en mixant les équipes de l’IFV, de l’INRA et de Bordeaux Sciences Agro, permet d’agréger des compétences complémentaires et d’avancer plus vite sur des projets en lien avec l’amélioration des connaissances épidémiologiques et, à terme, avec la réduction des intrants phytosanitaires.
En savoir plus sur l’UMT SEVEN 

Le projet portant sur la caractérisation des résidus de produits phytosanitaires dans les bourbes et les fonds de cuve ainsi que sur l’influence des techniques de filtration sur leur réduction, piloté par l’IFV et mené en en partenariat avec la Chambre d’Agriculture des Pyrénées Orientales, Inter-Rhône et les Laboratoires Dubernet, a permis de mieux préciser le comportement des molécules phytosanitaires lors des phases de transformation du moût au vin. La caractérisation des résidus à travers des bilans matières tout au long de la chaîne œnologique a mis en évidence une forte concentration des résidus dans les bourbes et, dans une moindre mesure, dans les fonds de cuve. Toutefois, la clarification par filtration de ces produits permet de retenir près de 80 à 90% des résidus et la valorisation des bourbes ou fond de cuve par filtration, que cela soit par filtre rotatif sous vide, filtre presse ou filtre tangentiel, ne constitue donc pas un risque d’enrichissement des vins en molécules pesticides. Sur vin, la clarification par filtration est moins efficace sur l‘élimination des résidus. L’utilisation d’adsorbants peut permettre de réduire les concentrations. La réduction des teneurs en résidus lors de la vinification est étroitement liée aux phénomènes d’adsorption sur les matières solides et fonction des propriétés physico-chimiques des molécules. Ce projet est terminé et devrait déboucher sur un nouveau programme de recherche dont l’objectif est d’obtenir « l’absence de résidus de produits phytosanitaires quantifiables dans les vins ».