Bio

Optimisation des stratégies intégrées de protection de la vigne biologique

Les produits phytosanitaires homologués pour la vigne et compatibles avec le cahier des charges AB peuvent poser des problèmes de durabilité des systèmes viticoles, d’un point de vue écotoxicologiques (comme le cuivre), économiques (nombre de passages, consommation de carburant) et sociaux (présence ou non de résidus dans les vins).

Pour répondre à ces trois impacts, il s’agit ici de réduire la présence de résidus de pesticides dans les vins (projet déposé en attente de validation) et d’étudier les pistes de réduction des produits phytosanitaires utilisés en viticulture biologique, par deux voies : les alternatives au cuivre (CoFree, CASDAR HE, essais en conditions naturelles et en conditions artificielles) et l’efficience de la pulvérisation (ArchipulvéDose).

Cette thématique de l’opération Vitivinibio est en lien avec le projet Outils de « soft contrôle » : évaluer des méthodes de lutte à faible risque et optimiser leur mise en œuvre au vignoble. Il s’agit dans ce projet d’obtenir des références techniques sur des méthodes alternatives, de définir un mode d’emploi optimisé pour chaque méthode et d’intégrer les méthodes retenues dans un système de protection intégrée pour faire baisser globalement le recours aux produits phytosanitaires.
Cette opération est donc en lien avec l’opération « méthodes alternatives » qui est un réservoir d’essais sur des moyens de lutte alternatifs ou complémentaires à la lutte chimique classique.

Dans cette action, les moyens alternatifs testés répondent à une problématique sur l’itinéraire AB (qui peut être commune aux problématiques conventionnelles), les essais se font spécifiquement sur des parcelles menées en bio, afin de valider les résultats obtenus dans des conditions agrobiologiques.

Derniers résultats acquis

Les programmes scientifiques développés dans cette opération ont pour objectif de réduire la présence de résidus de pesticides dans les vins et d’étudier les pistes de réduction des produits phytosanitaires utilisés en viticulture biologique, par différentes voies : les alternatives au cuivre (huiles essentielles, micro-doses de fructose, extraits de plantes), la diminution de la présence de résidus (contamination – projet CASDAR) et l’efficience de pulvérisations (ArchipulvéDose).

Huiles Essentielles

Pour les programmes CoFree, CASDAR huiles essentielles et également dans les essais expérimentaux testant différent extraits de plantes, les produits testés n’ont pas permis d’obtenir de résultats significatifs. La méthodologie du test mildiou en condition contrôlée a été améliorée.
Les programmes HE et CoFree se sont terminés en 2015. Le dossier CASDAR sur les résidus n’ayant pas été retenu en 2014 et 2015, il sera représenté à l’échelle régionale (programme FranceAgrimer PACA).
Lors du programme CASDAR HE (huiles essentielles) des essais au vignoble ont été mis en place pour tester les huiles essentielles contre le mildiou, sur les sites de Lisle sur Tarn et Blanquefort. La stratégie d’emploi des huiles essentielles les a associées à une faible dose de cuivre (150g de cuivre métal) tout au long de la saison. Les résultats ne sont pas positifs pour les huiles essentielles : elles n’apportent pas d’efficacité supplémentaire à la dose de cuivre seule. A noter que le mélange des huiles dans l’eau est difficile même avec le recours à un adjuvant (savon noir, Héliosol©).

Essais in vitro

De nombreux tests in vitro sur disques foliaires inoculés ont été réalisés à l’IFV Blanquefort, ils ont fait  l’objet d’un mémoire de stage de 4eme année de cycle ingénieur (M.Cuel, ISA Lille).  Les tests ont été améliorés en standardisant le volume et la qualité d’application des huiles à l’aide d’une tour de Potter. Des essais de phyto-toxicité révèlent que les huiles essentielles peuvent être utilisées dans nos conditions contrôlées à des concentrations variant entre 0.5 et 1.5%. Au-delà de ces concentrations, les disques se nécrosent. Les essais faisant intervenir les HE en préventif (application puis inoculation 24h après) donnent des résultats fluctuants, notamment aux fortes concentrations. A 0.2%, elles n’ont pas d’efficacité contre le développement du mildiou. L’année 2016 sera l’occasion de confirmer ces premiers résultats et focaliser l’étude de l’action des HE sur du mildiou déjà déclaré (sporulant).

Un essai sur l’action de la tisane d’osier (Salix sp.) contre le mildiou a été conduit par l’IFV Blanquefort avec le Château Meyre (Avensan). L’essai a fait intervenir l’ajout de tisane de saule (3%) dans la bouillie cuprique de traitement. Les résultats n’ont pas montré une augmentation de l’efficacité de la stratégie cuprique contre le mildiou. La tisane d’osier entre dans la catégorie des PNPP, préparations artisanales à base de plantes très souvent employées en viticulture biologique ou en biodynamie.

RESAQ VitiBIO

Enfin dans le cadre du réseau RESAQ VitiBIO en Aquitaine (voir Évaluation des systèmes de production), 2 produits de biocontrôle utilisables en AB (Botector et Armicarb) ont été testés contre la pourriture grise sur 18 sites en conditions de production, avec pour l’instant des résultats peu concluants.

Dans le cadre de l’Interbio en Midi Pyrénées, deux essais ont été menés sur le site de Lisle sur Tarn, l’un évaluant l’impact de l’ajout d’infra dose de sucres à la bouillie bordelaise sur son efficacité anti-mildiou, l’autre mesurant les différences d’efficacités de la bouillie bordelaise suivant le volume d’application utilisé. L’ajout d’infra doses de sucre (fructose à 10 et 100 ppm) à une dose réduite de bouillie bordelaise n’a montré aucun gain d’efficacité  par rapport à une bouillie bordelaise appliquée seule et à même dose.
En 2015, un essai associant différents extraits de plantes à des doses réduites de bouillie bordelaise a montré des résultats encourageant pour un des extraits : la co-application de cet extrait et de bouillie bordelaise a dose réduite a permis d’atteindre le même niveau d’efficacité qu’avec 2 fois plus de cuivre.
En 2016, des essais ont été initiés pour évaluer l’efficacité de la silice sur le mildiou. Différentes stratégies ont été mises en place pour acquérir des résultats préliminaires : emploi de silice à différentes doses (40g et 200g/ha) associé à des doses réduites de bouillie bordelaise ou appliquée seule en alternance avec des traitements cuprique. Le choix a été fait d’apporter la silice sous forme d’acide orthosilicique et non extraite de plante comme la prêle pour pouvoir contrôler les quantités de silice apportées. Pour cette première année d’essais sous une pression mildiou extrême (100% de destruction de grappes dans les témoins non traités), l’ajout de silice à la bouillie cuprique n’a pas montré d’intérêt. Cependant la stratégie d’alternance cuivre/silice a montré des résultats encourageants permettant de réduire de moitié la quantité de cuivre métal sur la campagne pour un niveau de dégât équivalent. Ces résultats restent à confirmer lors de campagne d’essai supplémentaire.

L’impact de la qualité de la pulvérisation a été évaluée en travaillant sur les volumes de bouillies utilisés à l’hectare. Il est apparu qu’un de trop faible volume (80 l/ha – volume insuffisant pour une bonne répartition) diminuait significativement l’efficacité anti-mildiou par rapport à une bouillie appliquée à la même dose mais à volume supérieur (200 ou 300 l/ha). La qualité de pulvérisation et la bonne couverture du feuillage sont donc primordiales pour les applications à base de cuivre.

Les partenaires

ITAB, GRAB, Adabio Savoie, IFPC, CA71, ISA Lille, Arvalis, Fredon NPDC, CA82

Fiche pratique

Les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes.

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Focus

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Évaluation d’Huiles Essentielles pour lutter contre le mildiou.

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Publications

Communications techniques et vulgarisation