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La Chambre d’agriculture de Gironde teste, depuis 3 ans, la culture de vignes-mères en pots, dans des serres confinées, en région bordelaise. Cette expérience pilote permettra de sécuriser la production de matériel de base face aux menaces de ravageurs émergents. 

La Chambre d’agriculture de Gironde fait partie des organismes prémultiplicateurs depuis 1973. Dans le cadre d’un nouveau protocole, initié par l’IFV, pour réorganiser la prémultiplication avec ses partenaires, la Chambre s’est engagée à faire évoluer la culture de ses vignes mères dans des parcelles « classiques », en extérieur, vers une culture protégée des insectes vecteurs de maladies, sous serre confinée. Mais cette évolution nécessite d’acquérir un nouveau savoir-faire technique. Car actuellement, en France, la culture de la vigne sous serre est essentiellement destinée à des fins de recherche. « Il s’agit pour nous d’étudier les caractéristiques de la culture de la vigne hors sol, de comprendre ses mécanismes et d’apprendre à reconnaître les signaux qu’envoie la plante quand elle est conduite en milieu fermé. Il y a une réelle différence avec la culture en extérieur. L’espace entre chaque bourgeon, par exemple, est plus long que dans la nature. La plante est dépendante de nous car nous devons la nourrir et l’irriguer », commente Ronan Jehanno, chef de département production matériel végétal, à la Chambre d’agriculture de la Gironde.
Le pilotage de ce projet est assuré par un groupe de travail réunissant de nombreux partenaires (Chambres d’agriculture, IFV, interprofessions, Conseil régional, ODG, pépiniéristes, établissements d’enseignement). La phase opérationnelle a débuté au printemps 2019, avec la mise en place de plants dans deux serres : l’une « classique » et l’autre photovoltaïque.
« Pour ce test, la variété résistante Vidoc a été choisie, afin d’éviter le plus possible les traitements en confinement, précise Ronan Jehanno. Côté porte-greffe, c’est le SO4 qui a été sélectionné. Tous les plants sont cultivés dans des pots ».
La première année de culture s’est révélée positive : les plants, palissés jusqu’à 2m, ont produit plus de 4 m de bois, avec des rameaux aoûtés à 80 % aux premières gelées. Le Vidoc a fourni des bois de 6 mm, diamètre considéré comme nécessaire pour le greffage. « En 2021, le Vidoc a produit des bois de 6 m et le SO4 des bois de 7,5 m. Nous avons, en revanche, un taux de reprises qui est assez faible avec le SO4. Cela est dû à la gestion climatique de la serre qui n’est pas facile à planifier, ajoute Ronan Jehanno. Mais nous avons été agréablement surpris d’avoir très peu de maladies fongiques sur les bois. Nous n’avons pas eu de mildiou notamment sur de nouveaux plants sensibles de Sauvignon et de Sémillon que nous avons introduits dans ce milieu confiné. Ce qui constitue une bonne nouvelle. Nous avons juste fait quelques traitements au soufre et avec des produits de biocontrôle ».
La production sous serre confinée et hors sol permet de sécuriser le matériel végétal de base des vecteurs du sol comme le court-noué et des vecteurs aériens comme la cicadelle. Un projet de serre insect-proof de 800 m2 est actuellement à l’étude à la Chambre d’agriculture de la Gironde. Il devrait apporter des garanties sanitaires optimales pour se prémunir des maladies émergentes et anticiper la disparition des moyens de lutte chimiques.