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Le schéma de prémultiplication vient d’être repensé. Il consiste à faire évoluer les conditions techniques de ce premier maillon de la diffusion des sélections, en plaçant l’ensemble de l’activité de prémultiplication sous serres. La décision des acteurs de la filière de cultiver la vigne en milieu confiné a pour objectif de préserver le matériel végétal des maladies actuelles dont l’expansion est inquiétante et des maladies émergentes pour garantir que ce matériel puisse répondre aux besoins de l’ensemble des bassins viticoles. 

Transformer en profondeur la production française de plants de vigne pour répondre aux enjeux de la viticulture de demain, tel est l’objectif du nouveau modèle de production des vignes de prémultiplication, initié par les interprofessions viticoles et l’IFV, dans le cadre du Plan Dépérissement.  Ce nouveau modèle sécurisé et novateur de production durable du matériel végétal viticole français va permettre à la filière viticole de se préserver d’une éventuelle crise sanitaire et au-delà d’anticiper et d’accélérer la mise à disposition de matériel végétal innovant ou à fins d’adaptation.

L’ambition de ce nouveau modèle consiste en effet à renforcer la protection des phases de conservation et de diffusion du matériel végétal viticole sélectionné vis-à-vis des principaux vecteurs de maladies à virus, bactéries ou phytoplasmes émergeants ou encore inconnus à ce jour.
L’IFV, en concertation avec ses partenaires prémultiplicateurs, a rédigé un premier cahier des charges qui fixe les grandes règles du nouveau protocole de prémultiplication de la vigne. Ce cahier des charges reprend les conclusions du rapport de la mission d’expertise scientifique menée par le Conseil Scientifique et Technique de l’IFV et de la filière viticole sur la gestion des menaces sanitaires.

Cette mission qui a été sollicitée en juin 2021 avait pour objectifs de :

  • ·         Disposer d’une analyse scientifique la plus étayée possible des maladies qui constituent une menace pour la vigne, et des caractéristiques des insectes vecteurs potentiels, notamment leur taille et leur mode de déplacement ;
  • ·         Vérifier que les structures insect proof, et notamment la dimension de la maille retenue, associé au mode de gestion de l’aération de l’espace confiné sont une barrière suffisamment étanche pour interdire la pénétration des insectes.

La mise en œuvre de ce nouveau protocole répond également à un autre enjeu important pour la filière viticole : anticiper et accélérer la mise à disposition de matériel végétal sélectionné pour son aptitude à s’adapter au changement climatique (sélection clonale et création variétale tolérante à la sécheresse) ou diminuer la dépendance de la viticulture aux intrants phytosanitaires (création variétale résistante aux principales maladies cryptogamiques).

Ce nouveau protocole entraîne une remise à plat des itinéraires de culture et des modes de conduite car il impose désormais le confinement de la prémultiplication des vignes sous serres insect proof et hors-sol.

Les acteurs de la prémultiplication ont commencé à engager des expérimentations pour tester et évaluer à grande échelle le modèle de production en milieu confiné. Ces essais ont déjà permis de trouver des solutions à certaines impasses techniques et d’évaluer les coûts de production de ce nouveau modèle. L’objectif de ces premiers essais sous serre est d’apporter une preuve de concept avant d’engager l’ensemble de la filière dans ce nouveau modèle de prémultiplication des plants (Voir article Une expérience pilote de culture de vignes-mères en serres confinées).

Cahier des charges du nouveau protocole de prémultiplication

Eloignement du vignoble
• Les structures insect-proof seront non contigües de parcelles de vignes et de cultures pouvant abriter des insectes vecteurs (par exemple clématite, aulne, lavande, et oliviers)
• La distance minimale des premières vignes sera de 100 m.
Niveau de confinement
La maille des filets insect-proof ne doit pas excéder 500 µ x 600 µ.
Conduite des cultures
• Les greffons seront conduits en conteneurs sur substrat stérile.
• Dans un premier temps, les porte-greffes pourront être implantés pleine terre.
Protection insecticide
Des traitements insecticides préventifs contre les cochenilles et Colomerus vitis seront obligatoires.
Suivi sanitaire
Un contrôle exhaustif par test Elisa sera réalisé tous les 3 ans (court-noué + enroulement 1 et 3).
Traçabilité
Chaque organisme de prémultiplication devra mettre en place une procédure de certification.