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Secrétaire de la Chambre d’agriculture de la Gironde et président de la FFPV, David Amblevert explique, au travers de l’expérience pilote de vignes mères cultivées sous serres, dans le Bordelais, les évolutions engendrées par le nouveau protocole de la prémultiplication. 

Un projet de culture de vignes mères sous serres et hors sol est actuellement mené par la Chambre d’agriculture de la Gironde. En quoi est-ce une expérience pilote ?
David Amblevert : « Nous sommes dans une phase de réflexion très avancée pour construire un « démonstrateur » de 800 m2 pour 2023. Il s’agira d’un modèle inédit de production de vignes mères sous serres, en milieu confiné. L’idée de ce nouveau modèle a germé dans le cadre de l’axe Matériel Végétal du Plan National Dépérissement du Vignoble (PNDV) afin de garantir une sécurité sanitaire optimale pour faire face aux prédateurs aériens actuels et émergents. Cette expérience pilote devrait permettre de répondre plus rapidement à la demande viticole régionale. Ce projet rassemble toutes les forces viticoles de Nouvelle Aquitaine avec le BNIC (Bureau National Interprofessionnel de Cognac), la Chambre d’agriculture 64 mais également le CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) qui est étroitement associé à l’évolution du projet ainsi que la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du projet VitiRev ».

Est-ce que ce mode de production inédit nécessite d’acquérir un nouveau savoir-faire technique ?
David Amblevert : « Naturellement ! Ce projet constitue un défi technique majeur à relever. Il s’inscrit pleinement dans les missions de la Chambre d’agriculture de la Gironde qui a toujours eu la volonté d’investir dans l’innovation sur le matériel végétal. Les équipes du Centre de Sélection et de Multiplication de la Vigne de la Chambre sont totalement mobilisées et impliquées. Ce projet lance également une nouvelle dynamique portée par les professionnels. Au niveau national, nous comptons sur la mutualisation des échanges entre les différents prémultiplicateurs et la maison mère IFV. Dans un premier temps, les deux modèles de prémultiplication, le modèle actuel en extérieur et le modèle sous serres, vont cohabiter. Tous les centres doivent être complémentaires, il ne peut s’opérer de concurrence entre nous. Il s’agit d’une mission d’intérêt général pour la viticulture ».

Vous êtes secrétaire de la Chambre de la Gironde et également président de la FFPV. Comment les professionnels de la pépinière perçoivent le nouveau protocole de la prémultiplication intégralement en milieu confiné ? 
David Amblevert : « Mes collègues sont tous informés. C’est un changement de cap qui peut en inquiéter certains mais qui doit rassurer tout le monde. Cette évolution technique est nécessaire pour « abriter » au mieux notre matériel de prémultiplication afin de renouveler plus vite nos vignes mères de greffons à l’heure des évolutions variétales. Je pense notamment aux Variétés d’Intérêt à Fin d’Adaptation et aux nouvelles variétés résistantes de marque « Entav-Inra ». Ce nouveau modèle de prémultiplication apportera de la réactivité afin de répondre aux besoins et à la demande de la viticulture. A terme, c’est l’ensemble de la filière vitivinicole qui en trouvera le bénéfice ».

Produire du matériel de base en milieu confiné sous serres sécurise la production. Mais est-ce que cela sera rentable économiquement ?
David Amblevert : « La rentabilité sera surtout sanitaire ! Ce nouveau modèle insect proof, qui doit permettre de supprimer à terme le recours aux insecticides, engendrera des coûts de production plus importants mais va constituer une montée en gamme pour la filière viticole française. Nous sommes, de ce point de vue, en totale cohérence avec les projets de la pépinière française concernant les enjeux sanitaires et la traçabilité qui sont des éléments moteurs de sa compétitivité, ceux qui ont fait la genèse de « vitipep’s ». …

Propos recueillis par Régis Cailleau (IFV)