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Le remplacement des manquants ou complantation

L’objectif de la complantation est l’amélioration parcellaire : remplacer les pieds morts ou déficients afin de respecter la densité requise pour l’appellation et retrouver la rentabilité de la parcelle.

Pourquoi est-il si difficile de réussir ses complantations ?

Il est difficile pour un jeune plant de se développer dans une vigne en place, en raison de la concurrence des autres souches au système racinaire puissant, de l’état du sol (compactions…), des maladies (puisqu’il se trouve hors de la zone d’atteinte des traitements phytosanitaires …), de sa fragilité face aux travaux mécanisés. Pour toutes ces raisons, il n’est pas simple de réussir ses complantations, et elles demandent une attention soutenue.

Quand réaliser les trous ?

  • En sol argileux, toujours travailler sur terrain bien sec pour éviter le lissage des parois du trou, qui deviennent difficilement perméables aux jeunes racines et peuvent piéger l’eau en hiver (risque d’asphyxie). Pour une mise en place au printemps, il est conseillé de pratiquer les trous l’automne qui précède, afin que le sol s’émiette correctement sous l’effet du gel et réduise la formation de cavités.
  • En sol limoneux, il faut également que le sol soit ressuyé correctement. La mise en place des plants doit s’effectuer juste après les trous, sous peine de voir le sol se refermer à la première pluie importante.

Comment réaliser la plantation ?

Deux époques sont envisageables pour réaliser la plantation :

  • en automne, avec des plants en pots aoûtés : ces plants sont résistants aux gelées « habituelles ». Les gros pots sont préférables (de 1 à 3 l) car le terreau y est plus abondant, les plants sont plus vigoureux avec des racines plus développées. Ils doivent être commandés spécifiquement au pépiniériste, et leur coût varie de 2 à 3 euros (pour 3 litres). Ils doivent être plantés hors période de forts gels pour éviter de brûler en partie les racines. Il est utile de tasser très légèrement au pied
  • au printemps, avec des plants traditionnels (racines nues). Dans le cas de terrains asphyxiants (boulbènes blanches, sols très argileux) on peut utiliser par exemple un mélange sable/terreau autour du plant. Les racines doivent être gardées assez longues sans qu’elles rebiquent vers la surface car des plants retaillés très courts vont utiliser beaucoup d’énergie à refaire des racines et seront plus sensibles à l’asphyxie puis à la sécheresse.

On peut disposer au fond du trou une poignée de compost, qui n’apportera pas d’azote mais améliorera localement le fonctionnement du sol. Ne jamais placer d’engrais minéral en particulier azoté dans le trou de plantation.

Des spécialités de pépinières pour faciliter la reprise et l’établissement des plants ?

Outre les plants préparés en gros pots, on trouve de plus en plus fréquemment des plants greffés-soudés hautes tiges. Il s’agit de spécialités racines nues ou plus rarement en gros pots, à planter de préférence au printemps. Le greffon est placé sur un porte-greffe de 70 cm environ de long. Le plant est directement monté, avec la végétation plus proche du fil porteur et de la zone de pulvérisation des produits phytosanitaires. Aucune protection n’est nécessaire contre les désherbants et le gibier. Les troncs sont très droits, sans pampres, et quasiment sans plaies puisque éborgnés en pépinière. Il est important de soigner le tuteurage et l’attachage. Il vaut mieux préférer les porte-greffes qui ont une croissance normale en épaisseur (le SO4 ou le Riparia restent plus fins). Le recépage est impossible en cas d’attaque des maladies du bois, mais le surgreffage est facilité (tronc intact, possibilité de greffe en fente ou à l’oeil). Son coût est d’environ 2.50 €. Il doit être commandé absolument à l’avance au pépiniériste qui, compte tenu de la difficulté de mise en oeuvre, réalise rarement ce type de plants en grandes quantités.

A quelle fréquence effectuer les remplacements ou complantation ?

Les remplacements sont à effectuer très régulièrement : il y a souvent beaucoup plus de manquants que l’impression intuitive que l’on s’en fait. Pour estimer précisément leur nombre réel, il est nécessaire de réaliser des comptages par parcelle, par exemple sur quelques rangs. Il est préférable de ne jamais dépasser un seuil d’environ 5 % (ce qui représente déjà un minimum de 200 à 250 trous par hectare).

Comment réaliser les trous ?

On trouve aujourd’hui plusieurs fabricants de bonnes tarrières. Le choix de la vrille est important et il est préférable d’utiliser une vrille bêche (2 pales opposées pour une bonne pénétration avec émiettement) d’un diamètre minimal de 400 mm et d’une profondeur d’au moins 40 à 50 cm. Il faut également préférer les modèles avec pare fils. De nombreuses options améliorent la commodité de l’opération : déport et inclinaison hydrauliques, inversion du sens (blocages en terrain caillouteux…). Les équipements s’adaptent au terrain et permettent de réaliser divers travaux comme l’arrachage des souches. Ces outils ont l’inconvénient de rejeter beaucoup de terre hors du trou. En ce qui concerne la bêche excavatrice, elle est multi usage (arrachage des pieds + préparation du trou), elle travaille le sol sans semelle ni lissage, sur 70 cm de large et jusqu’à 60 cm de profondeur. Il existe un déport latéral jusqu’à 1.05 m avec un déplacement de terre raisonnable. Elle est sans risque pour le palissage puisqu’elle travaille sous les fils.

Comment entretenir les plants après complantation ?

L’entretien des plants est indispensable pour garantir une bonne reprise et valoriser le travail effectué.

  • Le tuteurage et la protection des plants sont obligatoires et immédiats. Il faut attacher le tuteur au fil porteur, utiliser de préférence des protections rigides (type Tubex ou autres)  contre les herbicides et les lapins, moins traumatisantes en cas de vent. De plus, elles respectent le feuillage, et créent un effet de serre au printemps. Il faut également soigner l’épamprage
  • Attention aux risques d’échaudage à l’intérieur des protections en cas de fortes chaleurs : dans certains cas, on pourra être amené à les retirer sous peine de mortalité des plants. Elles peuvent également constituer un refuge de choix pour les escargots, responsables de gros dégâts sur les bourgeons au printemps
  • En fonction de l’état du sol et des conditions de pousse, on peut être amené à réaliser des sarclages si le sol s’est refermé en été (ex.boulbènes battantes). Un arrosage doit être prévu en été, si besoin, et ce quelle que soit la technique de plantation
  • Il est possible d’apporter une petite quantité d’azote, en localisé au pied, mais pas avant la deuxième année de pousse car il existe un risque de toxicité ammoniacale et de déséquilibre entre le développement du système racinaire et aérien. Il est préférable d’employer par exemple du phosphate d’ammoniaque qui est moins riche en azote et moins dangereux pour les racines, ou des engrais organiques
  • La protection phytosanitaire de la jeune végétation doit être soignée, en particulier à partir du moment où elle dépasse les protections. Le feuillage, très sensible doit rester indemne de mildiou mosaïque jusqu’à l’aoutement de la tige principale, qui en général, intervient plus tardivement que sur les vignes adultes (croissance active plus longue)