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Fertilisation Phosphatée (P), Potassique (K) et Magnésienne de la vigne

Depuis une quinzaine d’année la recherche a peu investi sur les approches de la fertilisation de la vigne. Or, la demande croissante pour la préservation du patrimoine viticole et pour l’élaboration de produits de qualité, a incité le groupe de travail national « fertilisation de la vigne » à faire le point sur les préconisations actuelles.

Quel est le rôle du phosphore (P) et quelle est la fréquence des carences phosphatées ?

Le phosphore joue un rôle fondamental au niveau du développement végétatif de la vigne. Son rôle principal concerne le métabolisme énergétique puisque les phosphates sont capables de recevoir, et de transporter l’énergie lumineuse captée par les feuilles. Il est également, avec l’azote, un des constituants essentiels des acides nucléiques (ADN).

Cependant, les essais conduits à ce jour, comparant les doses d’apports, n’ont jamais mis en évidence des effets sur le végétal. A l’exception de certains sols sableux du littoral et de très rares cas particuliers, aucune carence phosphorique n’a été décelée à ce jour. Même avec des teneurs en-dessous des normes actuelles, au niveau du pétiole ou du sol, on ne constate pas de problème particulier sur le végétal.

Quel est le mouvement du phosphore (P) dans le sol et quelles conséquences sur la fertilisation ?

Le phosphore est énergétiquement retenu par le sol et migre peu en profondeur ou seulement très lentement. Un apport réalisé en surface ne sera accessible par les racines et utilisable par la vigne qu’après de nombreuses années. Les apports phosphatés apparaissent ainsi comme peu efficaces. Ils risquent, s’ils sont réalisés de manière systématique de polluer le milieu par ruissellement (eutrophisation). Dans le cadre d’une production raisonnée, il est difficilement acceptable d’effectuer des apports systématiques de phosphore correspondant aux exportations.

Quels sont les rôles du potassium (K) et du magnésium (Mg) ?

Le potassium (K) joue un rôle important chez la vigne et est très mobile. Il participe à la neutralisation des acides organiques produits au cours de la photosynthèse, et permet ainsi de conserver un pH intracellulaire favorable à la synthèse des sucres. Il possède également un rôle dans les économies d’eau, activation des systèmes enzymatiques. Le magnésium (Mg) est un constituant essentiel de la chlorophylle, pigment essentiel au bon déroulement de la photosynthèse et de la production de sucre.
 
             
     Carence en potasse                     Carence en magnésium

Comment raisonner la fertilisation potassique (K) et magnésienne (Mg) ?

  • Dans le cas de la fumure de fond, c’est l’analyse de sol interprétée à partir des références régionales qui orientera le viticulteur
  • Dans le cas d’une fumure d’entretien, le groupe de travail « Fertilisation de la vigne » conseille d’utiliser le diagnostic pétiolaire (rapport K/Mg) car il traduit la dynamique de nutrition de la plante
  • La nutrition potassique joue un rôle sur le niveau de pH des vins. Il convient ainsi de suspendre la fumure potassique lorsque le pH d’un vin sera jugé trop élevé
  • Les apports magnésiens sont moins fréquents car les carences en magnésium sont souvent dues à des excès de potassium. D’autre part, le manque de potassium ne se répercute pas ou peu sur la qualité des vins.

Quel est l’intérêt des dosages de phosphore assimilable (P) ?

L’intérêt de doser le phosphate assimilable, tel qu’il est pratiqué actuellement par diverses méthodes est limité. En effet, ces méthodes ne sont pas représentatives du phosphore réellement absorbé par la vigne. La vigne serait en effet capable d’extraire du phosphore à partir des phosphates tricalciques. Il est ainsi délicat de piloter la fertilisation phosphatée à partir de cette mesure.

Quelles préconisations concrètes de fertilisation phosphatée ?

Le groupe de travail national « Fertilisation de la vigne » conseille de limiter l’apport de phosphore, si ce dernier est nécessaire, à la seule fumure de fond, en visant à le positionner au niveau des racines de la vigne. Par la suite, il convient de proscrire tout apport en cet élément. Dans le cas d’une vigne où les éléments d’analyses (sol, pétiole) mettent en évidence un faible niveau en phosphore, et manifestant un dysfonctionnement dont la cause n’a pas pu être identifiée, une fumure phosphorique d’entretien annuel de précaution, couvrant les exportations (15-20 unités/an), peut être maintenue en localisée.

Quelle périodicité des analyses ?

Pour des raisons de contrainte économique, des parcelles représentatives d’un lot de parcelles homogènes sont à définir au préalable par le viticulteur au sein de son exploitation. Le suivi analytique se fera au niveau de chaque lot déterminé.

  • analyses de sol chimiques : tous les 8 ans
  • analyses de sol teneur en matière organique : tous les 4 ans
  • diagnostic foliaire : tous les 4 ans

En cas de sol acide, il est souhaitable de mesurer le pH tous les 4 ans. Les fréquences d’analyses ne sont pas des normes rigides mais correspondent à des vignes ne présentant pas de problème particulier.

Pourquoi raisonner simultanément les apports en K et Mg ?

Le potassium peut donner lieu à des phénomènes d’antagonisme avec d’autres cations. Le plus important en viticulture est l’antagonisme potassium-magnésium. Ainsi, un niveau trop élevé d’absorption du potassium peut se traduire par une moindre absorption de magnésium et inversement. Il peut exister un antagonisme potassium-calcium. Dans le cas de sols acides, il est ainsi impératif de piloter en premier lieu le pH du sol et la fertilisation calcique.

Comment interpréter concrètement le rapport K/Mg pétiolaire ?