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Les travaux de l’IFV montrent que si certaines alternatives aux herbicides et notamment au glyphosate sont possibles, voire performantes, elles ne sont pas sans conséquences techniques et économiques sur les exploitations. Démonstration.

 

Conséquences anticipées d’un retrait du glyphosate.
Le désherbage chimique du rang repose souvent sur une stratégie associant des produits de post-levée à action systémique et des produits de pré-levée. Cela permet de contrôler une grande partie de la flore en peu d’interventions avec un coût maîtrisé. Depuis le retrait de l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) de l’amitrole, en décembre 2015, le glyphosate est le seul herbicide de post-levée systémique. En cas de retrait, des stratégies faisant appel uniquement à des désherbants foliaires seraient difficiles à tenir, en particulier pour la destruction du couvert végétal en sortie d’hiver. On peut alors envisager des stratégies mixtes ou un basculement complet vers l’arrêt des herbicides. L’IFV a pu évaluer les alternatives à la disposition des vignerons pour établir leur positionnement technico-économique.

Quelles sont les alternatives disponibles ?
Les alternatives au désherbage chimique sont le travail du sol, le thermique et ses différentes déclinaisons, l’utilisation de produits de biocontrôle et l’électrique. Ces alternatives ont pour point commun de n’avoir qu’une action foliaire sur les adventices visées, d’où une persistance d’action moindre et des interventions répétées. Seul le désherbage électrique, dont l’IFV teste les prototypes, permet d’envisager une action racinaire complète par la formation d’un arc électrique qui traverse la plante des feuilles aux racines. Les techniques de désherbage thermique, si elles sont efficaces, demandent beaucoup d’énergie et de temps. Elles sont plutôt orientées vers les situations de sols superficiels, sensibles à l’érosion, dans lesquels on ne souhaite pas dés-herber mécaniquement. Le biocontrôle (acide nonanoïque) présente l’avantage d’une facilité d’usage comparable aux herbicides classiques, mais il demande une technicité d’application supérieure pour être efficace (conditions climatiques, qualité de la pulvérisation et adventices jeunes). Son prix ne permet pas de l’utiliser seul toute l’année, mais des applications en rattrapage du travail interceps sont pertinentes. La technique alternative la plus transférable en l’état est donc le désherbage mécanique, dont il faut prendre en compte la difficulté de mise en œuvre.

Quelles seraient les conséquences économiques pour les exploitations ?
L’insertion de techniques alternatives dans les itinéraires d’entretien du sol augmente les temps de travaux car le travail du sol exige un travail précis autour du pied de vigne, à une vitesse bien inférieure aux vitesses d’application des herbicides, avec une fréquence d’intervention supérieure. La technicité d’utilisation des matériels interceps (réglages, etc.) va demander un effort de formation, pour limiter les blessures sur les ceps ou la casse mécanique. Enfin, des impacts agronomiques sont à anticiper car, dans la plupart des cas, le retour à un travail du sol, même superficiel, se traduit par une perturbation du réseau racinaire. On estime entre 10 et 15 ha la surface que l’on peut gérer en désherbage mécanique avec un ensemble tracteur-outil-chauffeur dédié à ces opérations. Pour désherber plus de surfaces, la solution consiste à combiner au maximum le binage du rang avec d’autres travaux comme le rognage, la tonte, etc. Pour que cela soit possible, un montage entre roues est à privilégier, ce qui libère l’attelage 3 points à l’arrière du tracteur. On supprime ainsi les coûts spécifiques au temps nécessaire pour le travail du cavaillon. Les outils simplifiés tels que les disques émotteurs apportent un débit de chantier très élevé.

En conclusion, il existe des alternatives performantes en termes d’efficacité, mais elles ont un coût élevé, dont celui de la formation qui ne doit pas être négligé. L’électrique est une piste pro-metteuse pour les années à venir du fait de son mode d’action sur les mauvaises herbes.

 

> Retrouver le bilan du Programme de recherche de l’IFV 2014-2020