Dans un secteur viticole en pleine mutation face aux défis environnementaux, le réemploi des bouteilles en verre s’impose comme une alternative pertinente au recyclage traditionnel. Le livre blanc « Le réemploi : de la théorie à la pratique », fruit d’une collaboration entre la SICAREX Beaujolais et Rebooteille, réalisé avec le soutien financier du DINAII, offre aux professionnels un guide complet pour adopter cette pratique.

Un bénéfice environnemental immédiat

Les chiffres sont éloquents : le réemploi d’une bouteille en verre permet de réduire de 79% les émissions de CO2, de 76% la consommation d’énergie et de 51% l’utilisation d’eau par rapport à une bouteille recyclée. L’avantage écologique se manifeste dès la quatrième réutilisation, bien avant le seuil de rentabilité économique. Cette efficience s’explique simplement : laver une bouteille pendant 20 minutes à 80°C est bien moins énergivore que de refondre du verre à 1500°C pendant 24 heures.

Une réponse aux obligations réglementaires

La Loi AGEC impose désormais aux producteurs commercialisant plus de 10 000 unités par an d’atteindre des objectifs progressifs de réemploi d’emballages. En 2027, les entreprises au chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros devront proposer 10% de leurs emballages en format réemployable. Le document décrypte ces obligations et anticipe les évolutions législatives européennes avec le PPWR (Proposal Packaging and Packaging Waste).

Des stratégies claires pour une transition réussie

Le livre blanc propose une approche globale articulée autour de trois axes stratégiques. Sur le plan économique, le réemploi permet de se prémunir contre les fluctuations de prix des bouteilles neuves, avec un investissement initial qui s’amortit rapidement. La stratégie commerciale met en avant l’opportunité de conquérir de nouveaux clients sensibles aux démarches écoresponsables, notamment dans les circuits spécialisés et la restauration. Enfin, la communication autour du réemploi constitue un puissant levier de différenciation, 92% des Français se déclarant favorables au retour de la consigne.

Des solutions techniques accessibles

L’aspect technique du réemploi est méticuleusement détaillé : types de bouteilles standards réemployables, spécifications des étiquettes avec adhésifs solubles, importance du pictogramme national du réemploi, compatibilité des obturateurs et alternatives aux capsules CRD. Un certificat de validation réemploi garantit la conformité du processus et l’interopérabilité entre les différents acteurs de la filière.

Un écosystème en construction

Le document présente l’organisation concrète de la collecte, avec un réseau de points de retour, un système de consigne monétaire (0,50€ par bouteille) et des facteurs clés de réussite comme l’engagement des équipes et la diversité de l’offre de produits consignés. Il identifie également les sources de financement mobilisables auprès de l’ADEME, des éco-organismes et des collectivités territoriales pour accompagner cette transition.

Répondant aux questions pratiques des professionnels concernant la sécurité sanitaire, la gestion des stocks ou les contraintes liées à l’export, ce livre blanc s’impose comme une ressource essentielle pour tous les acteurs du vin souhaitant s’engager dans une démarche d’économie circulaire. À l’heure où 88% des consommateurs pratiquent déjà le réemploi de leurs emballages, la filière viticole dispose désormais d’un guide complet pour transformer cette attente en opportunité.

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Fanny COURTIAL
Responsable Commerciale & Marketing au Château de l’Eclair · IFV – SICAREX Beaujolais