En 2023, le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux a financé un programme de monitoring des résistances dans la région bordelaise. Les résultats incitent à construire des programmes de traitement en tenant compte de ces résistances
Au fil des derniers millésimes, le vignoble bordelais se trouve confronté à des épidémies de mildiou, mettant à mal les récoltes et suscitant des inquiétudes croissantes parmi les viticulteurs. La situation est d’autant plus préoccupante que la pharmacopée traditionnelle subit des réductions, notamment avec le retrait du mancozèbe et du métirame, deux produits clés à action multi-sites des traitements conventionnels.
En réponse, le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) a pris l’initiative, en 2023, de financer un programme de monitoring des résistances dans la région. Ce projet a été mené en collaboration avec la Direction générale de l’Alimentation au niveau national, et les prélèvements ont été confiés au laboratoire de l’Agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) de Lyon.
Les résultats, présentés ci-après, montrent clairement que la plupart des molécules unisites sont concernées par des phénomènes de résistance. Si le lien direct entre détection de souches résistantes au laboratoire et perte d’efficacité au vignoble n’est pas toujours évident à établir, il n’en reste pas moins que ces résultats doivent nous alerter et être pris en considération pour l’élaboration des programmes de traitements à venir.
Nbre max d’application(s) conseillé(es) / famille (+1 -> association obligatoire avec un multisites)
Figure 1. Molécules et familles chimiques utilisables contre le mildiou (avril 2024)
Les molécules susceptibles d’être concernées par la résistance (Cf. Figure 1) et non testées lors de ce monitoring sont toutes confrontées, de manière plus ou moins importante, à des souches résistantes. Parmi les molécules testées (Cf. Figure 2), seules la zoxamide et l’oxathiapiproline ne sont pas (encore) concernées par une présence importante de souches de mildiou résistantes au vignoble. Alors qu’aucune nouvelle famille chimique n’est attendue de la part des industriels de l’agro-chimie à court terme, il est indispensable de respecter les recommandations de la note nationale sous peine d’accroître de manière inconsidérée la pression de sélection et d’accélérer le déploiement de souches résistantes !
Rappelons que des souches résistantes existent d’ores et déjà au vignoble mais qu’elles ne se déploieront qu’en cas d’une surexposition aux molécules chimiques auxquelles elles sont résistantes (pression de sélection).
Figure 2. Résultats du monitoring des résistances réalisé sur 20 parcelles du vignoble bordelais en 2023
Les recommandations pour la campagne 2024
- Limiter le nombre de traitements avec des unisites
- Respecter le nombre maximum d’applications de molécules pour chaque famille chimique comme indiqué dans la note nationale et rappelé sur la Figure 1. Cela est d’autant plus vrai pour les molécules qui se trouvent encore être en « gestion de la résistance » : -> 2 applications max pour la zoxamide et 1 application max pour l’oxathiapiproline)
- Ne pas appliquer de molécules sensibles en situation de mildiou déclaré
- Alterner les modes d’action dans le temps (breaker) et l’espace (mosaïque spatiale)
- Associer les molécules sensibles avec un partenaire efficace d’une autre famille chimique
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