En régions, Loire, Zoom sur

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Depuis quelques années, on entend davantage parler de co-construction dans les projets participatifs de recherche. Explications avec David Lafond, ingénieur IFV Angers, animateur et référent de la démarche participative.

La co-construction dans les démarches scientifiques, qu’est-ce que c’est ?
David Lafond : “La co-construction consiste à construire un projet avec son utilisateur final, ce dernier le mettant également en œuvre après l’avoir élaboré. La co-conception est la première étape, c’est associer l’utilisateur final à la conception, sans forcément aller jusqu’à la mise en œuvre. Dans la notion de “participatif”, on a donc différents degrés.”

Des exemples concrets ?
D.L. : “L’IFV a participé à plusieurs projets, voici deux exemples : Le premier, intitulé ‘Vins sans sulfite’, a été mis en œuvre sur six régions. L’idée était de rassembler les acteurs de terrain, à savoir les vignerons praticiens, faisant déjà des vins sans sulfites ou les expérimentant. Nous voulions réunir ce savoir de terrain, diffus mais dispersé. Des groupes de travail ont rassemblé les connaissances autour des itinéraires techniques mis en œuvre par les structures de production. Le second s’intitule ‘ClimatVeg’ et se déroule en Pays de Loire. C’est un projet multi partenarial et multi filières végétales, dont la viticulture, qui vise à faire réfléchir ensemble une diversité d’acteurs d’un territoire sur l’avenir de ce dernier à l’horizon 2050, au regard des enjeux climatiques, économiques, actuels et anticipés. Ensemble, nous avons établi différents scénarios, le dernier des quatre ateliers visant à établir la trajectoire d’actions permettant d’atteindre les objectifs, posés de façon consensuelle pour leur territoire par les acteurs eux-mêmes.”

En quoi cela change-t-il votre approche scientifique ?
D.L. : “La première difficulté est que par définition on ne sait pas au départ où l’on va – notamment en termes de montage financier des projets –, puisque l’objectif est défini après les démarches de co-construction. La seconde, c’est que c’est participatif. Il faut donc que les professionnels s’impliquent, et ils doivent le faire sur la durée. On est de fait dépendant de la participation, les résultats étant aussi intimement liés à l’implication des acteurs présents. Ils doivent s’approprier la démarche et la porter.”

Quels sont les retours terrains des vignerons ?
D.L. : “On a des réactions diverses, mais globalement, la plupart sont contents, car on crée un collectif sur des sujets où, en général, beaucoup tâtonnent. C’est donc l’occasion d’échanger et de discuter autour d’un itinéraire, d’une stratégie, des écueils et réussites rencontrés. On a en général beaucoup d’idées, même si toutes ne sont pas retenues, et certaines sont travaillées par la suite. C’est très stimulant pour la réflexion, et les vignerons ressortent souvent avec un autre regard sur ce qu’ils font.”

Quels sont les prochains sujets co-construits sur lesquels vous travaillez ?
D.L. : “Nous lançons deux projets. Le premier s’intitule ‘Poésie’ et vise à proposer une démarche co-construite sur une stratégie pluriannuelle de gestion des sols pour les plantes pérennes (viticulture, arboriculture et pépinière). C’est un projet national, à l’inverse du second, européen, qui s’intitule ‘Living soilsLL’ : il vise à mettre en place des livings labs1 sur la qualité des sols en cultures pérennes dans différents pays européens. Pour le volet français, deux livings labs sont prévus : en Pays de la Loire et dans le Beaujolais”.

(1) Méthode où citoyens, habitants, usagers sont considérés comme des acteurs clés des processus de recherche et d’innovation.